Waldemar Kamer

Mises en scène d'Opéra



Argument

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Prologue

Dans un bureau de la société Trol, dont l’une des activités consiste à fabriquer et vendre des abattoirs, le gouverneur Victor V. auditionne Marianne de Camtoire. L’entretien d’embauche paraît tendu mais il semble que Victor ait pour la postulante une idée nouvelle.

Acte I

Réception à l’ambassade d’Argentine. L’ambassadeur annonce que le ministre Simon Sinclair doit décorer l’irremplaçable Victor. Mais on ne trouve ni l’un ni l’autre. Fête. Danse. Lorsque survient le ministre, Marianne l’entreprend sur un thème sensible : faut-il pour plaire à l’Argentine renoncer à tout commerce avec l’Uruguay ? Simon dans l’instant perce à jour l’aventurière, mais ne cède pas moins à ses charmes divers. Rendez-vous est pris pour le lendemain.

Acte II

Le jour se lève sur le jardin zoologique. Le gardien demande au paon pourquoi il suffit à l’oiseau de faire la roue pour que tout le monde l’admire, tandis que lui… Survient Marianne, ivre de sa nouvelle vie, de sa nouvelle demeure, de sa liberté, de son ministre adoré. Justement le voici. Parade amoureuse devant les cages où languissent les animaux. Observations codées du ministre sur l’autruche, le loup, la hyène et l’alligator. Duo d’amour. Mais Simon est ministre : le devoir l’appelle, il doit laisser Marianne seule quelques instants. Surgit alors Madame le juge. “Connaissez-vous le détournement de fonds, l’abus de biens sociaux, le recel, le trafic d’influence ?”, demande-t-elle à Marianne avant de la conduire vers son destin. Le gardien fraternise avec le pigeon, invisible comme lui, et se promet un avenir.

Acte III

En prison, Marianne écoute la plainte de ses voisines, une mairesse, une patronne et une prisonnière de droit commun, toutes prénommées Anne. Paraissent Victor, qui lui promet liberté et amour éternel si elle se tait, puis Madame le juge qui lui promet la même chose si elle parle. Interrogatoire pénible : Marianne n’est pas loin de céder. Sa voisine Anne Solergo, elle, a cédé : un sombre liquide coule de sa cellule ; elle ne répond plus. Horrifiée, Marianne jure qu’elle sera fidèle à l’homme et à la parole ; qu’elle sortira “Debout et muette, et libre et constante. Et vivante.”

Acte IV

Marianne parle. C’est ce qu’apprend Victor à Simon en lisant le journal. Dans le bureau du ministre, Victor attend un sauf-conduit. Il faut faire vite car la rumeur ne connaît ni frontière ni repos : tandis que devisent le pouvoir politique et le pouvoir économique, là-bas dans l’ombre progresse le pouvoir médiatique. Il faut agir.

Acte V

Agir, et donc, même à contrecœur, descendre dans l’arène. Le ministre accepte de se prêter au jeu médiatique : il est l’invité de l’ancien gardien de zoo devenu animateur de télévision, sur le plateau de l’émission : “Toute la Vérité, Rien que la Vérité”. On se propose de faire revivre à Simon les plus belles heures de sa vie en conviant leurs témoins. Se succèdent l’ambassadeur d’Argentine, la voyante Stella – une ancienne maîtresse, Claire Simon, dont on n’est pas sûr que le ministre l’ait reconnue – et une danseuse javanaise nommée Ceve Neang. Mais Ceve Neang tombe le masque : c’est Marianne, qui crie vengeance. Au moment où Simon va se trahir, survient une nouvelle fois Madame le juge, qui prétend l’interroger et lui demande de la suivre, là, devant vous cher téléspectatrice, cher téléspectateur, en direct. Simon se défend. Le public prend parti. L’animateur ne sait si ce scoop le tue ou l’immortalise. Au plus fort de la confusion, Marianne reste seule sur le plateau : “Maintenant je commence”, conclut-elle.

Ivan A. Alexandre
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